top of page

LE CHEMIN VERS L'INSTANT PRESENT

OU... AFFRONTER LE MONDE avec UN CARNET ARTISANAL 

Hala était arrivée avec son Backpack qui faisait presque la moitié de sa taille et ses cheveux étaient tout ébouriffés à cause du voyage et de la chaleur. Nous étions en Juillet 2019 à Laghouat. C’était la première fois que je la rencontrais. Elle venait d’Oran. 

Cette fois Hala, m’a parlé des carnets qu’elle fabriquait, car dans le commerce il n'y avait pas de carnets avec du beau papier comme elle aimait et qui correspondait à sa personnalité... 

Je me souviens aussi que nous avons parlé de la société  qui dicte un modèle de vie sans se soucier du bien être, du bonheur, des aptitudes, des rêves et ambitions des individus.

Je l’ai revue trois mois plus tard toujours dans la même ville.

  • “ Salut, comment ça va? ” Demandais-je.

  • “ Ohhhh! C’est une vraie pagaille dans mon esprit. Je te raconterai plus tard. ”  Me répondit-elle.

Hala était en plein questionnement sur sa vie, ses choix, et sur l’impact qu‘ont eu les autres sur son bonheur.

Chaque soir dans la chambre que nous partagions, elle me racontait une partie de son existence. Je parlais aussi parfois mais j’écoutais surtout. Et spontanément, je me suis mise à la photographier. J’ai appris beaucoup de choses sur elle. Notamment sa remise en question du capitalisme qui nous pousse à la surconsommation, et sa fatigue  de son travail à la pharmacie où elle se sentait mal à cause des multiples ruptures de médicaments et plusieurs autres raisons. 

J’avais rencontré une autre fois Hala à Alger. Nous sommes allées déjeuner au boulevard Mohamed 5. C’est d’ailleurs là qu’elle m’a dit : ” J’ai enfin mis des mots sur mes maux. Je sens que je renaît depuis. Tu sais? J’ai fait une révolution intérieure.“ 

Elle m’a aussi annoncé qu'elle  a été diagnostiquée d’une tumeur au cerveau…

Tout ça m’a décidée à continuer à la photographier à chaque fois que je le pourrai. Elle était d’accord. Sauf que je n’ai pu revoir Hala qu’une seule fois avant le confinement dû à la pandémie de la covid-19. Je pensais à elle. Comment allait-elle faire maintenant qu’elle avait décidé de quitter définitivement la pharmacie pour fabriquer et vendre des carnets et se consacrer aux voyages ?  

J’ai appris qu’elle s’est enfermée chez elle en considérant cette période comme une résidence artistique et qu’elle s’occupait de sa santé. Elle a mis en route plusieurs projets en relation avec le patrimoine culturel algérien et l’écologie. Elle s’est mise à recycler du papier, à faire des vidéos, des créations sonores et des podcasts. Elle ne s’en sortait pas si mal finalement.

Tout ça m’a donné envie de faire à nouveau des photos d’elle et de raconter son histoire.

Dès que nous avons été autorisés à sortir de nos villes, je lui ai demandé si on pouvait se revoir. Elle a accepté. Je me suis alors rendue à Oran le dimanche 06 septembre 2020 pour voir Hala chez elle. J’ai traversé presque la moitié du littoral du pays pour arriver à elle.

J’étais sur le pas de la porte mes sacs sur le dos.

  • “ Rentre, je t’en prie. Fais comme chez toi, t’es la bienvenue. “ 

  • “ Attends, je sens. ”  J’ai pris une grande inspiration. Sa maison sentait le bois et la terre alors qu’elle se trouvait en pleine ville !

Ce voyage m’a fait comprendre que les carnets de Hala sont une continuité d'elle-même. J’ai pu remarquer que son histoire personnelle était inscrite sur chaque bout de papier de ses carnets mais aussi  dans chaque vêtement, sur chaque mur, sur chaque meuble et chaque ustensil.  J’ai feuilleté des dizaines de carnets qui avaient tous une odeur différente à causes des herbes qu’elle y laissait sécher, de plus les carnets avaient un nom et une texture particulières

Observer Hala dans son quotidien m’a permis de mieux la comprendre. C’est une personne qui a besoin d’être libre ! Elle ne cherche pas à devenir... Elle existe, elle “est” est cela lui suffit à donner un sens à sa vie.

THE WAY TO THE PRESENT MOMENT

OR... A HANDMADE NOTEBOOK TO FACE THE WORLD

I met Hala for the first time in Laghouat. She came by bus from Oran carrying her big backpack and letting free her messy hair. She spoke to me about her handmade notebooks and the paper she uses. She spoke to me about how she uses them to write her adventures, report her daily life, or just record her reflections and observations like an explorer. I remember we also talked about how society dictates to individuals their way of life without caring for their happiness, aspirations, dreams and abilities.

The second time we met always in Laghouat, where she told me more about her life and personal choices. I understand better why she hates the chemistry where she works, and why she rejects capitalism. She was in a kind of deep introspection. Then, I started photographing her spontaneously. I wanted to capture those earnest moments of her life.

The third time we met was in Algiers. she announced to me that she had undergone an inner revolution since our last meeting and wrote something about this crisis she names second birth. But she told me too that the doctor found a tumor on her brain. I asked her if I could keep photographing her. She agreed. 

After that, we met quickly one time in Oran before the advent of the Covid 19 pandemic. All the world was locked down, and I couldn't meet her again. 

I kept wondering about Hala. How was she was living the lockdown after deciding to change her way of life, whether she left  the chemistry and selling whether she sold, and also whether she kept travelling and vlogging! 

Finally, I have learned that she was doing fine, considering this period as an artistic residency. She spends her time far away from social media learning new things and starting new amazing projects. All this good news  arouses in me the desire to photograph her again. That was in September 2020. 

I went to Oran in September the 20th. Seeing her in her house helped me understand her way of life and measure how her spirit is manifested everywhere in her house and in her notebooks. I understood that Hala doesn’t want to become something, because she is already someone, and someone great...

This is quite enough to give meaning to her life.

bottom of page